Après soixante-six ans, évoquer le
Dahir berbère n'est sûrement plus d'actualité, surtout
que son abrogation s'approche du demi-siècle, mais que faire quand
à chaque fois «la question amazighe (berbère)» est soulevée, le
mouvement nationaliste marocain le déterre et l'utilise comme
un moyen d'intimidation et de pression pour dissuader toute revendication
identitaire et culturelle amazighes. Jamais un décret de loi n'a
été aussi célèbre et aussi «vivace», même après son annulation.
Beaucoup d'Amazighs n'ayant jamais lu un seul article de ce texte,
ignorent pour cette raison même ce qu'il englobe, n'osent même
pas en parler ou se défendre contre toutes les accusations dont
on les accablent. Ce mot même Dahir berbère évoque le malaise
et la honte dans l'esprit de tous. Il est perçu comme une tache
noire dans l'histoire des Amazighs.
Je faisais partie de ces gens qui n'en connaissent
que l'appellation, jusqu'au jour où je découvre avec stupeur d'ailleurs,
que le fameux Dahir berbère n'est qu'un décret de loi,
décret du 16 mai 1930, institué par les autorités coloniales pour
régir la justice coutumière dans le milieu rural de tradition
amazighe.
Ce décret n'a jamais porté le nom de Dahir
berbère, de plus il ne s'applique pas au marocain amazigh
exclusivement, mais à tous les marocains résidant dans les zones
rurales et relevant de la compétence des tribunaux coutumiers.
Il est donc clair que ce texte de loi, n'était en rien ethnique
et encore moins amazigh.
L'ensemble du décret (le préambule ainsi que
les huit articles) ne présente aucune menace séparatiste ou connotation
ethnique, sa compétence est plutôt territoriale. Les coutumes
que le législateur colonial avait essayées de réglementer existaient
déjà dans les usages et les traditions des marocains, elles n'étaient
pas contraires aux lois islamiques (elles en dérivent pour la
plupart) ni à l'unité nationale. Il convient de préciser qu'en
matière de statut personnel, c'était toujours le droit coutumier
et la loi islamique chraâ qui étaient appliqués, et ceci
non seulement en ce qui concerne le Maroc mais toute l'Afrique
du Nord durant la colonisation française. Il n'y a qu'en matière
pénale qu'interviennent les tribunaux français, juridictions auxquelles
tous les Marocains étaient soumis à partir de 1913 déjà.
Le «Dahir berbère» tel qu'il a été mis en cause
par le mouvement national n'a jamais existé, c'est une pure fiction
basée sur de fausses allégations. A croire que les hommes qui
veulent faire l'histoire de l'Afrique du Nord, s'acharnent sur
celle des Amazighs en la falsifiant autant que possible. Il faut
rétablir la vérité et réécrire l'Histoire, écrite par les Amazighs
aussi et non seulement par des opportunistes qui n'ont pas eu
des scrupules à semer le trouble dans l'esprit des gens pour légitimer
l'existence de leur mouvement.
Arrêtons de tromper les enfants de ce pays sur
leur propre histoire. Un pays doit assumer son histoire telle
qu'elle a été vécue ; elle doit être enseignée à toutes les
générations dans son intégralité et non pas falsifiée et détournée
à des fins purement politiques.
L'amazighité est une réalité humaine, linguistique,
culturelle et historique. Elle demeurera toujours une composante
nationale marocaine qu'il faut accepter et gérer.
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au dossier spécial sur le dahir chérifien du 16
mai 1930 nommé "dahir berbère par les protégés
de la France coloniale
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