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A l'occasion de la fête du Mouloud célébrée le vendredi 2 Août 1930, S.M le Sultan a adressé à son peuple un message qui a été lu dans toutes les mosquées lors du prêche de la prière de l'après-midi. Dans ce message, faisant allusion aux incidents provoqués par les opposants au Dahir du 16 Mai 1930, sur les tribunaux coutumiers, le Sultan a tenu à mettre ses fidèles sujets en garde contre une interprétation volontairement erronée ou tendancieuse de textes législatifs relatifs à la justice coutumière berbère, textes qui ne font que consacrer un état de faits auxquels les tribus elles-mêmes se montrent profondément attachées. Sa Majesté a défini en suite, dans son message toute le portée de ces textes qui, en aucune façon, ne portent atteinte aux lois fondamentales de l'Islam. En voici le texte intégral : "Vous n'ignorez pas que les tribus berbères
ont toujours été soumises à un ensemble de
lois coutumières ancestrales qui leur ont permis de régler
leurs différends et que ce système
d'administration leur a toujours été reconnu par Nos Ancêtres
sanctifiés ainsi que les souverains des autres dynasties qui les
ont précédés. L'exercice de ces coutumes s'est
ainsi étendu sur plusieurs siècles et le dernier souverain
qui l'a reconnu aux tribus berbères est Notre
Auguste et vénéré père qui n'a fait que
suivre les traces des ses prédécesseurs, dans le seul but
d'accorder aux berbères le moyen de régler leurs différends
pour le développement de la paix parmi eux. Cet
octroi ne pouvant être considéré comme un moyen d'administration
makhzanienne, nous avons nous-même décrété
de semblables mesures par Notre dahir chérifien. Cependant, des
jeunes gens, dénués de tout espèce de discernement,
ignorant toute la portée de leurs actes répréhensibles,
se sont mis à faire croire que ces mesures que nous avons décrétées
n'ont pour but que
la christianisation des berbères. Ils ont ainsi induit
la foule en erreur et ont convié les gens à se réunir
dans les mosquées pour réciter les prières du "latif"
après les prières rituelles, transformant par ce procédé
la prière en manifestation politique de nature à jeter le
trouble dans les esprits. Notre Majesté réprouve absolument
que les mosquées dont Dieu a fait des lieus
de prière et de piété, soient transformées
en foyers de réunions politiques ou prennent libre cours
les arrières pensées, et ou se développent les mauvais
penchants.
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