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Fouad Laroui : la haine, le racisme et beaucoup d'ignorance

Fouad Laroui, un intelectuel raciste

Avec ses chroniques régulières sur les colonnes de Jeune Afrique l'Intelligent, l'écrivain Fouad Laroui a toujours fait montre d'un regard distancié et d'une prise de recul à toute épreuve. Je lui reconnais volontiers une capacité extraordinaire à manier l'ironie, parfois caustique reconnaissons-le, et un humour pour le moins décapant, mordant, incisif. Bref, un vrai régal que de le lire. Le personnage est tellement haut en couleur que je me suis fait un point d'honneur de lire, un jour, tous ses romans.

 

Mais depuis son papier du 30 avril 2006, intitulé: Berbères, Apaches et Nez-percés, cette image est devenue subitement brouillée, définitivement brumeuse. Il a suffi, si surprenant que cela puisse être, d'un courriel anodin d'un jeune amazigh résidant en Hollande pour qu'il sorte de ses gonds et nous révèle, sous un jour pour le moins hideux, sa vraie nature. Sa réaction disproportionnée, au vitriol, formulée certainement au quart de tour, sent, hélas!, le mépris, le racisme et la haine envers tout ce qui représente de loin ou de près l'amazighité.

 

En cela, il ne déroge pas vraiment aux réflexes irrationnels d'une certaine élite marocaine définitivement «conditionnée» à faire dans un antiamazighisme primaire à chaque fois qu'elle est confrontée à cette « fichue » problématique amazighe. C'est tout bonnement désespérant.

Je me permets donc de lui adresser, humblement, ces quelques remarques. Même si j'en ai beaucoup, je vais me contenter juste de celles-ci.

Monsieur Fouad Laroui,

Sans succomber à la violence verbeuse (comme vous), je tiens à vous dire ceci :

1 - Vous méprisez la tribu amazighe. Soit. C'est votre droit le plus absolu sauf que vous avez omis, sciemment ou involontairement, qu'elle a joué un rôle important dans la lutte récente contre le colonialisme. Les glorieuses épopées d'AKhttab, Moha Ou Hemmou, Ayt Atta, Ayt Baârman – ce dont je l'imagine vous êtes certainement fier-… ne seraient jamais possibles sans elle. Autant dire que le patriotisme marocain est essentiellement l'oeuvre de cet «horrible tribalisme» amazighe. Sauf que, chemin faisant, ce patriotisme a été «ravi», avec opportunisme, à coup de collusions et de compromissions de toutes sortes, par «vos» partis politiques arabo-citadins qui n'ont rien à envier à des tribus. Mais avec une caractéristique de taille : ces tribus, pardon, ces partis ont toujours prôné l'amazighophobie la plus ignoble, la plus infâme, à tel point qu'elle est carrément institutionnalisée, légitimée, pire banalisée. Ce qui se comprend. Il faut bien évidemment éliminer de la scène des concurrents on ne peut plus sérieux. Une stratégie qui a globalement bien pris.

 

2 - En fait de tribalisme et de clanisme, je pense que c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Les Arabes dont vous vous réclamez à demi-mot sont imbattables sur ce terrain. Pour le savoir, il faut suivre de temps en temps l'actualité internationale et même nationale. Mais c'est vrai, c'est toujours la tribu de l'autre, surtout si elle est amazighe qui pue, qui empeste, qui nous insupporte. Mais la sienne propre, on ne la voit bizarrement presque jamais. Quitte à être redondant, il n'y a pas mieux qu'autre proverbe pour exprimer votre situation : un dromadaire ne voit jamais sa bosse.

 

3 - On n'a pas besoin de vous dire que vous détestez les Amazighs. Ça crève tellement les yeux. Comme cela vous invitez ceux qui vous en parlent d'aller faire cuire un œuf et même plusieurs. Votre arrogance vous aveugle à telle enseigne que vous décrétez unilatéralement qu'ils n'ont plus aucune existence. C'est quand même fort de la part d'un intellectuel de votre calibre. Les millions d'Amazighs ne sont donc, pour vous, que des fantômes. C'est vrai que politiquement ils ne pèsent rien. Mais rien non plus nous ne dit que cette situation va s'éterniser. Il faut donc vous attendre à des surprises désagréables.

 

4 - On sentait qu'il vous titille dès le début. Je veux parler du dahir sultanien du 16 mai de 1930. C'est ainsi qu'il s'appelle, officiellement. Je ne comprend pas pour quelle raison il faut impérativement et injustement lui accoler l'adjectif «berbère». Si ce n'est pour dénigrer encore et toujours les Amazighs. D'ailleurs, une question de bon sens, depuis quand les Amazighs promulguent des dahirs? Nous servir des mythes inénarrables en guise d'argument n'est pas très consistant. Au lieu de vous gargariser, fièrement, de vos élucubrations, je vous conseille quand même de jeter un coup d'œil dans ce satané dahir. Car je ne pense pas que vous ne l'ayez jamais lu. Pour cela, un simple clic sur votre ordinateur et vous l'aurez sous le nez. Et si vous voulez en outre toute la littérature qui l'a mis en charpie depuis belle lurette, vous ne serez que trop servi. Je suis sûr qu'après coup vous allez arrêter net de vous ridiculiser tout seul.

 

5 - Vous associez à dessein l'Arabe et la langue arabe à tout ce qui positif, c'est-à-dire à une civilisation on ne peut plus florissante, brillante... Ce que je ne conteste aucunement. Sauf que vous sous-entendez, avec indécence, que les Amazighs sont des barbares, des sauvages avec toute la panoplie habituelle de préjugés d'un autre âge. D'ailleurs, votre emploi excessif du qualificatif «berbère», qui nous a été donné à titre de rappel par les différents envahisseurs cupides et autres impérialistes aigris, en dit long sur vos intentions. Un compatriote qui se respecte devait normalement savoir que l'on ne se qualifie pas ainsi. Comme quoi on peut faire sienne la terminologie des colonialistes et même faire béatement et niaisement dans le «bushisme», sans le savoir. Cultivé que vous êtes, je pense quand même que vous en êtes tout à fait conscient.

 

6 - Vous ne manquez pas de culot en considérant les Amazighs comme un problème. Pour ma part, je ne pense pas qu'ils en sont un. S'il y en a un, c'est bien vous, et tous ceux de votre obédience, qui l'êtes. D'ailleurs, lorsqu'on vous entend, on invoque, avec ferveur, le Tout-Puissant pour qu'il vous guérisse. Car l'amazighophobie chez vous est quasiment pathologique. Vous n'êtes pas sans savoir qu'au Maroc et même dans toute l'Afrique du Nord, les Amazighs sont chez eux, sur leur terre, depuis la nuit des temps. Si cela ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à vous prendre à vous-même. Et ce n'est pas vos coups de sang pathétiques, pitoyables qui vont les arrêter de s'affirmer, davantage. Il y a des mouvements de l'Histoire, s'ils sont mis en branle, personne ne saura jamais les arrêter. Même vous…

7 -Si la langue arabe est aussi belle et aussi souple que vous l'affirmez, pourquoi donc ne pas y écrire et y produire ? Chiche ! Je vous promets que si vous joignez le geste à la parole, je vais acheter tous vos ouvrages, sans exception. Parole d'un Amazigh toujours debout dans le pays de l'arganier, du thuya, du cactus, de l'olivier, du figuier, etc.

Signé : Lahsen Oulhadj

 

 

 

La chronique en question :

Berbères, Apaches et Nez-percés

Jeune Afrique : - 30 avril 2006 - par PAR FOUAD LAROUI
J'ai reçu l'autre jour un courriel tellement épastrouillant que je ne résiste pas au plaisir de vous le soumettre en entier :
Fouad Laroui

 

 

Cher Fouad Laroui,

Je suis en train d'écrire un article pour un numéro spécial de la revue Passionate, numéro consacré à la question berbère. Je voudrais «mettre en cartes» un certain nombre d'artistes, d'écrivains, de poètes et de publicistes. C'est pourquoi je serai ravi si vous acceptiez de répondre aux questions suivantes :

  • 1. De quelle région du Maroc êtes-vous et à quelle tribu appartenez-vous? Si vous n'êtes pas né au Maroc, veuillez indiquer seulement la tribu.
  • 2. Parlez-vous tamazight, darija (marocain dialectal) ou les deux?
  • 3. Pouvez-vous donner en quelques phrases les caractéristiques essentielles de votre tribu?
  • 4. Quelles sont les premières associations qui vous viennent à l'esprit quand vous entendez les mots «Berbères» et «Arabes»?

Merci pour votre participation, etc.

Signé : Aziz Aynan

 

Au début, j'ai pensé que c'était une blague, un canular. Renseignements pris, ce jeune homme existe vraiment et il est très sérieux. Le fait qu'il retarde d'un siècle ne peut être imputé à son éducation : il a fait de bonnes études. Hélas, il les a faites aux Pays-Bas, où il est né. Bien qu'il se considère comme un Marocain, il ne parle ni un mot d'arabe, ni de tamazight, ni de darija. Il serait bien étonné d'apprendre que Moulay Ismaïl n'est plus le sultan de l'empire chérifien.


Mais enfin, il faut encourager la jeunesse. J'ai donc pris ma plus belle plume et je me suis concentré très fort pour répondre aux quatre questions de Aziz. Voici le fruit de mes cogitations.

1. Je suis né dans l'Oriental (région marocaine) mais c'était par hasard, car mon père, fonctionnaire, avait été muté là-bas par l'état marocain. Avait-il reçu la bénédiction de son chef de tribu, du chaman et du rebouteu? Je ne suis pas, hélas, en mesure de répondre à ces graves interrogations. à quelle tribu appartiens-je? Je suis probablement un Apache, car j'ai remarqué que dans les films de cow-boys, ma sympathie allait toujours vers ces malheureux Indiens auxquels on avait volé leurs terres et qu'en plus on massacrait allègrement. Comment? Vous me dites qu'il n'y a pas d'Apaches au Maroc? Quel dommage. Alors disons que je suis un Aït Yafelman, j'aime bien ce nom, et d'après mon ami Driss Chraïbi les Aït Yafelman ont longtemps chassé le bison dans les environs d'Azemmour, où mon père est né. Ceci dit, je suis peut-être un Ha Ha, parce qu'en consultant une vieille carte géographique dressée par des explorateurs audacieux d'il y a longtemps, je me suis aperçu que la ville d'Essaouira, où est née ma mère, se trouve entourée par un gros HA HA tracé au stylo-feutre et en grosses lettres.


2. Parlez-vous tamazight, darija ou les deux? Les deux. La preuve: had khayna msatti. ? a veut dire « ce type est dingue (pour entreprendre de telles enquêtes) ». Or had khayna, c'est de l'arabe dialectal et msatti du tamazight. Youpi ! Je suis un vrai Marocain.

3. Les caractéristiques essentielles de ma tribu sont la fierté, la vaillance, la générosité, le sens de l'hospitalité et trois cent quatre-vingt-huit autres qualités que je ne peux citer ici, faute de place. Nous sommes, c'est bien simple, le sel de la terre. Rien à voir avec la tribu d'à côté, tous des voleurs de poules, des fourbes, des ingrats, des rabougris. Quant à la tribu du fond du vallon, je me contenterais de vous faire remarquer qu'ils ont les pieds fourchus, qu'ils ont toujours avec eux un petit trident et qu'ils dégagent une odeur de soufre.

4. Quand j'entends le mot «Berbères», je propose gentiment à mon interlocuteur de le raccompagner jusqu'à la porte de sa maison de retraite. En effet, depuis 1930 et le fameux Dahir berbère que le protectorat français tenta d'utiliser pour diviser les Marocains, on ne parle plus de Berbères au pays de l'argan. Quand j'entends le mot «Arabes», je pense à la Bagdad des Abbassides, à l'Andalousie, à la poésie; je pense à une langue belle et souple parlée par trois cents millions de personnes et qui est l'une des langues officielles de l'ONU. En fait, quand j'entends «Berbères et Arabes», j'entends «problème artificiel que des enquêtes comme la vôtre, mon cher Aziz, continuent, hélas, de perpétuer».

Signé : Fouad Laroui,

Pétition contre Jeune Afrique l'Intelligent et Fouad Laroui : .....  

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