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DIHIA (ou la Kahina ) Ame de la résistance amazigh à la conquête arabe
On a beaucoup polémiqué sur la religion
de Dihiya. Certains auteurs pensent qu'elle est juive, à cause
de sa tribu, les Djerawa, qui, selon Ibn Khaldûn, était
largement judaïsée au 7ème siècle. D'autres
pensent qu'elle était chrétien tirant en cela argument
de sa filiation (Matiy et Tifan sont des déformations de Mathieu
et Théophane) mais aussi du nom de Damiya qui était sans
doute un diminutif du nom latin Quoi qu'il en soit, Dihiya était une reine authentiquement berbère. Quand elle apparut sur la scène, elle devait être déjà âgée. Elle aurait régné près de trente cinq ans sur les Aurès et serait morte à 120 ou 127 ans. Cette longévité est peut-être exagérée mais elle n'est pas invraisemblable quand on sait la vigueur et la force des Berbères. Selon AI Waqidî, c'est la mort de Kusila qui
détermina Dihiya à livrer la guerre aux Arabes. Mais elle
avait déjà participé, aux côtés du
prince berbère, à la bataille de Tehuda au cours de laquelle
fut tué 'Uqba Ibn N'afi'ê (683). "H'asân, écrit Ibn Khadûn, demanda qui était le prince le plus redoutable parmi les Berbères, et ayant appris que c'était la Kahina, femme qui commandait à la puissante tribu des Djerawa, il marcha contre elle et prit position sur le rebord de la rivière Miskiana." La rencontre eut lieu sur l'oued Nini, au nord de Khenchla
: les troupes berbères qui se trouvaient en aval se jetèrent
sur les Arabes qui étaient en amont et les taillèrent
en pièces. En souvenir de cette défaite, les Arabes surnommèrent
l'oued Nini, Nahr al bala', la rivière des malheurs. Et les preuves
n'étaient pas finies pour eux. Après les voir forcés
à prendre la fuite, Dihiya les poursuivit et les combattit de
nouveau. Elle les obligea à quitter l'Ifriqya et à se
réfugier, sur l'ordre du calife 'Abd al Malîk, dans la
province de Tripoli. En 698, H'asân ben Nu'mân revint avec des renforts, il dispersa les troupes de Dihiya et s'empara de Carthage. Le général arabe sema la discorde parmi les Berbères, poussant une partie d'entre eux à abandonner la vieille reine. Celle-ci, loin de se décourager, continua la lutte avec les hommes qui lui restaient fidèles. Sentant la fin approcher et voulant sauvegarder 1'avenir, elle recommanda à ses fils de se convertir à l'Islam et de changer de camp. L'historien Ibn al Hakîm rapporte qu'elle s'adressa en ces termes à Khalîd ibn Yâzid : "Je vais périr et je te recommande de t'occuper de ton mieux de tes deux frères que voici. Je crains, répondit Khâlid que si tu dis vrai, ils ne puissent échapper à la mort -Que non ! l'un d'eux même jouira, chez les Arabes d'un prestige plus grand qu'il n'en a aujourd'hui. Pars, assure- toi de la vie de mes fils!" Elle ne savait pas qu'en ce moment là, Khâlid
allait la trahir. Alors qu'elle s'apprêtait à livrer de
nouveau combat, il avait averti H'asân de ses positions, en lui
envoyant un message dissimulé dans du pain.
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