
La question Amazighe au Maroc, ces dernières années, a pris une grande ampleur. Le combat, qui était initialement un combat pour des droits linguistiques et identitaires, a visité d’autres champs comme le droit à la terre et le droit à la liberté du culte.
Certains analystes, expliquent cette expansion, par le fait du véto qu’a fait le gouvernement des frères musulmans au Maroc (PJD) à l’officialisation de la langue Amazighe. Les militants amazighs, sont tous déçus de la nouvelle constitution venue calmer les esprits en plein effervescence des protestations de 2011.
Ils expliquent qu’en fin l’officialisation de la langue Amazighe est tombée dans l’eau du fait que la loi organique de l’Amazigh est finalement utilisée contre l’Amazigh. La preuve, ajoutent les militants, la loi organique de l’Amazighe est bloquée et le mondât de cinq ans que donne la constituions comme délai est consommé. Et dans le même sens, la loi organique qui gère le domaine juridique a franchement interdit la langue Amazighe dans la justice !! Et le comble c’est qu’elle a été approuvée par le gouvernement.
Pire encore, remarque les militants amazighs, au lieu que le gouvernement valide des lois pour officialiser la langue des Amazighs, il a validé des lois lui permetant de confisquer nos terres. Finalement, ajoutent les interlocuteurs, c’est notre terre qui l’intéresse et non pas notre langue.
Les origines du problème et les points de vue des uns et des autres :
En effet, la question de la terre au Maroc est un grand sujet qui a des origines historiques très complexes.
Du point de vue du gouvernement, il y a des terres collectives qui sur les papiers de l’administration cadastrale n’appartiennent à personnes, le gouvernement de Abderrahmane Yousfi avait lancé une procédure juridique permettant à l’état de récupérer ces terres. Le gouvernement des frères musulmans, 15 ans après, ont achevé le projet par un jugement légal qui donne à l’état le droit de propriétaire. Les tribus amazighs qui continuent de l’exploiter n’ont que le droit d’exploitation, mais le terrain appartient à l’état.
Du point de vue des Amazighs, la question est inversée. Tout d’abord ils rejettent catégoriquement l’esprit de l’administration foncière et ses lois qui ont été créé par le général Lyautey. Cette administration a été créée par la France au Maroc avant qu’elle soit créée en France elle-même. Ce qui explique que son intérêt est purement de permettre au colon français de confisquer par la loi les terres des Amazighs. Et c’est ce qui a été achevé par les canons. Ces terres ont été cédées par la France au Makhzen après l’indépendance. Le Makhzen a distribuée à sa guise ces terres sur ses proches arabo-musulmans c’est cette raison que tu trouves aujourd’hui des fermes de centaines d’hectares appartenant à des arabo-musulmans en plein régions amazighs. Ce processus été le fer de lance de l’appauvrissement et la marginalisation des Amazighs. Aujourd’hui, après 60 ans, nous sommes surpris de voir le Makhzen nous demander encore plus de terre pour satisfaire la demande des arabes du golfe. Nous n’avons plus rien à donner. Et ne nous sommes pas le prix à payer pour la nouvelle amitié du Maroc avec le conseil du Golfe. Cette amitié nous a rien apportée lorsque le Golfe était riche pour qu’il nous rapporte aujourd’hui lorsqu’il est mourant ! D’ailleurs, dans le temps, le mouvement amazigh avait toujours exprimé son refus total à cette union artificielle et il a même demandé que le Maroc quitte la ligue arabe.

Dupont de vue de la presse pro-makhzen, le journal Al Oubsoue Assahafi n’a pas manqué de taxer les 6.000 manifestants amazighs regroupés à Marrakech le 24 Avril 2016 à l’occasion du printemps amazigh de séparatistes et de trahison pour avoir cherché l'intervention des Nations-Unies, pendant que le Gouvernant Marocain avait défié cette Organisation Internationale de retirer son personnel civil (MINURSO) installé en mission au Sahara. Il a écrit à la une du journal : « C’est dangereux, au moment où le Maroc défi l’ONU, ces personnes (pour dire les Amazighs) demandent son intervention » (voir photo). Comme il a mal apprécié le flottement des drapeaux Amazighs et Kurdes ornant le cortège de la manifestation à la ville Ocre.
Le dernier rapport du dérament d’Etat américain pour cette année, rapporte clairement que les Amazighs au Maroc subissent une marginalisation totale. Le taux d’analphabétisme chez eux atteint 80%. La langue Amazighe, malgré sans officialisation comme la langue arabe dans la constitution marocain, la langue arabe reste dominante. Ceci ajoute le rapport que bien que 60% de la population marocaine est Amazighe y compris la famille royale.
L’évolution des choses :
Pour se défendre, les organisations amazighes ont fondé complètement une coordination appelée AKAL (la terre en langue Amazighe) spécialisée dans la défense des droits à la terre.Cette organisation a lancé une compagne de manifestation partout au Maroc et l’effervescence commence à animer les réseaux sociaux. Ci-après quelques exemples :
A Tafraout, au sud du Maroc et la ville du ministre même de l’agriculture, une manifestation à secouer cette petite ville calme pour plusieurs années. Les vidéos :
Traduction de l’amazigh en français :
N’attendez surtout pas qu’on s’immole tous par le feu, mais attendez plus tôt qu’un jour on va bruler vos palaces. Oui, c’est vrai le dicton religion qui dit « La sédition dorme, la malédiction de dieu tombera sur celui qui l’éveilla » (الفتنة نائمة فلعنة الله على من ايقظها
), Mais vous les Imams religieux qui aboient comme des chiens sur les Minbars des mosquées, qui veut vraiment l’éveiller ? Nous ?
Cette terre nous appartient, c’est la terre que nous ont laissé nos ancêtres. Ce n’est pas la terre sur laquelle nous avons « des droits d’exploitation » comme nous veut faire comprendre le pouvoir, Non c’est notre terre. La terre de nos ancêtres Imazighen.
Nous jurons qu’un jour, nous allons révolter contre vos palaces. Il y a 46 mines au Maroc sur la terre des Amazighs. À qui appartiennent ces mines ? Répondez, à qui ? La carte minière que possédait la France coloniale autrefois, les mines qu’elle nous a confisqué, à qui elle les a cédé ? C’est au Makhzen (le pouvoir).
Vos les Amazighs, sachez qu’il y a une seule mort, peu importe sa cause. Mais le plus important que nous devons comprendre, c’est que nous devons rester fidèles à l’esprit de TAMUNT (Union en langue amazighe).
Ehh toi le Chekh, Ehh toi le Mokadem (les agents du Makhzen), transmettez s’il vous plait ce message à vos supérieurs : « Nous jurons qu’on va continuer dans la voie de Omar Khaleq IZEM, Adouche et Oussayya. Par conséquent, si vous voulez confisquer nos terres, tuez nous d’abord. C’est pour cela on a toujours dit « Tamazirt i tudert, Tudert i Tmazight » la terre c’est pour la vie et la vie c’est pour l’Amazighité ».
Fin du discours. |
D’autres cas au moyen Atlas:
A la tribu d'Ait Ounbgui :



A la Tribu Ait Khebbache :







En conclusion, il faut se demander, qui a vraiment intérêt à rallumer le feu ? Et qui a oublié que la terre (Akal) est bien un des slogans du mouvement Amazigh depuis sa naissance. Lorsqu’ils lèvent les trois doigts c’est pour dire Akal-Afgan-Awal qui veut dire la terre, l’Homme et la langue.