La « diaspora » marocaine compte plus de 7 millions de personnes. Le ministère chargé des RME (Ressortissants Marocains à l'Etranger) s'inquiète de leur sort, en ces temps d' « islamophobie » galopante. C'est pourquoi, vendredi 27 mai, il a organisé un colloque intitulé « Le vivre-ensemble, entre radicalisme et islamophobie » dans la ville de Skhirat. Le but de cet événement était de trouver des solutions pour venir en aide aux marocains d'Europe, victimes de l'' «islamophobie », les immuniser contre la radicalisation et les encourager à revenir aux sources : leur culture d'origine. Cest l'occasion de revenir sur les ravages de la politique d'arabisation des RME.
Il est des initiatives dont les intentions sont louables mais qui surprennent par leur degré de mépris. Le colloque, en question, est une rencontre qui mérite que l'on s'y attarde. En effet, elle révèle la renversante incompétence de la classe politique marocaine. Prenez garde ! Les conclusions de ce débat à sens unique vous laisseront bouche-bée.
Selon Anis Birou, le ministre chargé des RME, la montée du racisme en Europe est la conséquence de la crise économique de 2000. Ajoutons à cela l'afflux de migrants du Moyen-Orient et l'absence de solutions à la crise de l'emploi. Ni plus ni moins. Le ministre n'a pas hésité à jeter toute la responsabilité sur les politiques européennes, notemment sur l'échec de l'intégration des immigrés. Le ministre marocain pense qu'en France, par exemple, les binationaux marocains sont victime de racisme et d'islamophobie car le pays d'accueil les a acculturé en faisant l'éloge de l'assimilation au dépens de l'intégration.
On sait que les causes qui expliquent le phénomène de radicalisation des jeunes « djihadistes » européens sont multiples et complexes et ne peuvent être réduites à un seul facteur. L'extrémisme religieux, la géopolitique, les politiques migratoires ou le chomâge sont des facteurs qui se combinent, formant un effet « toile d'arraîgnée ». Néanmoins, il est assez effarant de constater qu'aucune allusion à la politique d'arabisation adoptée par le makhzen et l'état français n'ait été faite au cours de cette rencontre. Pas une once de bon sens. Aucune remise en cause de la politique arabiste embrassée par le couple maroco-français. Et pourtant, la politique d'arabisation, qui dure depuis des années, n'a eu que des effets néfastes sur la situation des RME.
Rapellons à Mr le ministre chargé d'arabiser les RME quelques données intéressantes. Tout d'abord, il faut savoir que depuis 1975, l'ELCO (enseignement de la langue et de la culture d'origine) est une initiative soutenue par le système éducatif français qui permet au makhzen d'avoir une mainmise sur les sujets du Roi. Depuis 40 ans, le régime chérifien a payé et formé des professeurs de langue arabe afin de domestiquer les enfants d'immigrés marocains. J'ai moi-même bénéficié de ces cours au cours desquels, à 10 ans, un professeur m'a appris à écrire et lire l'arabe, à faire les ablutions en vue d' accomplir les 5 prières islamiques, tout cela au sein même de l'école française, dite laîque et républicaine. Récemment, la ministre française, Najat Belkacem a récemment annoncé la fin des ELCO en 2018 , «qui ne font pas l'objet d'un contrôle académique suffisant et conduisent parfois à des dérives ». (Notons, toutefois, que grâce à la ministre, les élèves français, dès le CP, pourront apprendre l'arabe à l'instar du chinois, du portugais ou de l'allemand... )
Ensuite, il est important de préciser que le budget de la Fondation Hassan II pour les MRE, (qui a mis en place les ELCO) est subventionné par l'état à hauteur de 250 millions de dirhams. Le budget du ministère chargé des RME est, quant à lui, de 131 millions de dirhams. Ce n'est pas tout ! Le makhzen a crée le CCME, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, chargé de suivre et d' évaluer les politiques publiques du Royaume envers ses ressortissants à l'étranger. Le CCME est financé par l'état à hauteur de 50 millions de dirhams. Les missions de ces trois institutions nourrissent chaque jour la politique d'arabisation, que l'état marocain n'a toujours pas abolie, malgré l'officialisation de la langue amazighe. On ne parle même pas du budget du ministère des Habous et des affaires islamiques chargé de « l'encadrement religieux » des RME ! Des dizaines d' imams sont formés et envoyés comme émissaires dans les pays d'accueil pour propager le malékisme dans les mosquées européennes. Le but étant de lutter contre la « salafisation » des RME.
Tamazight est la langue officielle du Maroc, au même titre – sur le papier – que la langue arabe (que personne ne parle au Maroc). Mr Birou n'a pas jugé utile d'investir des fonds pour organiser l'enseignement de tamazight dans toute l'Europe. Il préfère fêter Yennayer pour témoigner de son combat pour l'amazighité. Assister à une ou deux conférences sur la diversité culturelle marocaine suffit largement pour manipuler les Amazighs d'Europe. Comme son ami, Abdellah Boufouss, secrétaire général du CCME, « historien » paraît-il, et membre de l'UFSP qui répond présent lors d'évènements culturels tels que le festival de Twiza à Amsterdam. Lui-même l'affirme avec fierté : « «le Maroc alloue près d’un milliard de dirhams aux institutions responsables de l’immigration ».
Pourquoi donc des enfants d'immigrés marocains, tels que le soussi Abaaoud (alias Abou Omar Al-Soussi) ont fini par détruire leur vie pour la cause arabe ? N'y a-t-il pas un lien indirect et logique entre ce milliard de dirhams et ces jeunes RME qui rêvent de mourir carbonisés en Syrie ? Le rapport de cause à effet semble pourtant clair : l'état marocain, soutenu par les Français, a dépensé des milliards de dirhams pour contrôler ses ressortissants à l'étranger, en leur imposant, comme leurs compatriotes au pays, une identité étrangère, complètement à l'opposée la leur.
Depuis une décennie, les politiques publiques du Maroc envers les RME ont fait énormement de dégats. Il serait suicidaire pour le makhzen de reconnaître l'incroyable échec de son programme politique. Quant à l'Europe, qui est aujourd'hui accusée de laxisme, s'interroge sur les causes des attaques terroristes qui ont frappé le continent. On crée des cellules de « déradicalisation » pour nettoyer le cerveau des djihadistes repentis ou arrêtés. Un comble ! Quand on sait que les pays de l'Union Européenne participent à l'arabisation des enfants d'immigrés nord-africains. Le soutien indéfectible de la France au Maroc est bien connu et perdure encore aujourd'hui.
Chose surprenante : les participants au colloque de Skhirat ont débattu sur l'acculturation des RME. Ils étaient tous d'accord pour dire que les marocains d'Europe souffrent de problèmes identitaires. Mais incroyable que cela puisse paraître, les intervenants veulent arabiser davantage les RME car ils n'ont pas encore assimilé assez d'arabité. S'ils sont en crise d'identité, c'est parce qu'ils sont tiraillés encore la culture européenne et leur culture d'origine, rien que cela !
Analyons le discours de Fatima Omari, avocate belgo-marocaine. Selon elle, « les jeunes Marocains qui partent en Syrie, le font notamment parce qu’ils ne connaissent pas leur identité marocaine. ». Elle ajoute «Aujourd’hui, les jeunes ne connaissent pas leur histoire et imaginent avoir plus d’affinité avec le Yemen qu’avec l’Europe ». Ce qui est on ne peut plus vrai ! Hélas, Maître Omari poursuit son discours par une tartufferie, au point où l'on se demande si elle a déjà ouvert un livre d'Histoire. « Ils ignorent même que l’Andalousie a longtemps été arabe ». Celle qui connaît l'Histoire du Maroc mieux que ces jeunes RME perdus devrait se documenter sur l'Hstoire de l'Andalousie. Avec un étonnant culot, elle finit par conclure : « Le rôle du Maroc s’est de faire connaître le pays aux enfants de MRE : sa langue, son histoire, sa culture. Les ambassades doivent donner des cours d’arabe »
Les ELCO et la création de culturels « marocains » dans toute l'Europe, l'envoi d'imams sans parler de l'omniprésence de l'arabité dans les chaines de télévisions depuis 1975 ne suffisent donc pas pour Madame Omari. Il faut arabiser encore plus. C'est la seule solution, selon elle, pour empêcher les jeunes binationaux de rêver de vivre à Raqqa. Quelle crétinerie ! Si le Roi du Maroc souhaite protéger ses « sujets » à l'étranger , qu'il commence par renvoyer ces ministres qui mollardent sans cesse sur les Amazighs.
L'enseignement de la vériable Histoire du Maroc, l'apprentissage de la langue amazighe et l'adoption d'une politique culturelle et linguistique respectueuse de la « composante » amazighe sont des impératifs de démocratisation. L'état marocain n'est pas prête de devenir une démocratie : c'est une démocrature. Officialiser tamazight au Maroc et continuer à financer l'arabisation des marocains (issus de la diaspora ou nonr) révèle la ferme motivation des arabistes à ne pas céder à leur programme politique.
Encore plus étonnant : Mr Birou a trouvé une solution miracle pour inciter les RME à renouer avec leur culture d'origine. Il souhaite leur offrir....une valise ! Non, vous ne rêvez pas. Pour éviter que les jeunes RME fassent leur valise pour aller en Syrie, le ministre marocain envisage de distribuer des valises culturelles, «avec à l’intérieur trois ou quatre romans d’écrivains marocains, des classiques comme Mohamed Achaari ou Mohamed Choukri, de la musique marocaine avec les albums par exemple d’Abdelhadi Bekhayat et de la peinture – toujours des classiques - : Gharbaoui, Mahi Binebine … ». Notons qu'aucun de ces artistes et auteurs ne s'expriment en amazigh. Mr Birou parle de « classiques ». Cette précision est très intéressante.
En effet, dans les arts, un classique est « un artiste ou une œuvre d'art qui fait autorité dans son domaine, qui est devenu une référence. ». Pourtant, les artistes d'expression amazighe ne manquent pas. Cependant, pour espérer devenir un « classique », il faudrait déjà que la culture amazighe soit une priorité du ministère de la Culture. Marginalisés, les artistes d'expression amazighe sont des artistes engagés, contre leur gré. Car le simple fait de s'exprimer en amazigh ou de promouvoir l'art amazigh est un acte d'engagement au Maroc. Et, comme c'est le cas dans les états totalitaires, l'art est un instrument idéologique. L'Etat en conserve le monopole. Ce toalitarisme culturel exclut systématiquement les artites dit « mineurs » et les exlut de l'Histoire officielle. C'est exactement ainsi qu'opère le makhzen, d'où la fameuse valise qui arabise, enrichie par des « classiques » marocains.
Des artistes amazigh, qui excellent dans leur art sont, pourtant nombreux. Pourquoi cette valise culurelle ne contiendrait pas des peintures de Moha et Fatima Mellal ou encore des chansons du très talentueux Amnay ? Que dire de tous ces vieux artistes amazighs agonisant dans leur village le plus normalement du monde, sans aucune reconnaissance de leur art ? Que Madame Omari l'imprime : les RME ne connaissent pas leur Histoire et leur culture car le régime chérifien est intrinsèquement anti-amazigh. Ni plus ni moins. Comme l'a très franchement dit Hassan II, en 1993 , les RME en France « ne seront jamais des français ». L'ancien monarque savait très bien où il voulait en venir... Arabiser le marocain, peu importe où il se trouve. Et si ce n'est pas suffisant, il suffit d' augmenter la dose...
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Commentaire N° : 1 Par: id Bawziki Le : 2016-06-06 Titre: Constat sur constat.... Pays: France
Entre celui qui croit que le Maroc sera entièrement arabisé, et celui qui croit qu'il sera AMAZIGH, cherchez le plus proche de la vérité?.
On pourrait croire qu'elle est du côté des Amazighs mais comme ils continuent à faire le ramadan, alors que c'est mauvais pour leur santé et croire en "Allah" et " Ljent " qui ne sont que des leurres sans aucune véracité, on est en droit de se poser des questions?. Mais déjà combien d'entre-eux vous liront?.
Commentaire N° : 2 Par: ouhammou Le : 2016-06-06 Titre: les dés sont pipés Pays:
les dés sont pipés et ils l'ont toujours été. Faut il continuer à cautionner ce colonialisme ou envisager l'éclatement de ces états fantoches?
toute démarche dans le cadre de cet "état-nation"est vouée à l'échec et nous le savons depuis longtemps.
L'épanouissement de l'amazighité ne peut se concevoir que dans un état ou une confédération d'états amazighs.
Commentaire N° : 3 Par: MOHAMMED JOUHARI Le : 2016-06-07 Titre: Ingénieur Pays: Belgium
Tout en n'étant pas d'accord sur la politique des responsables des RME,je ne me sens pas concerné par un tel commentaire incohérent.
Le Maroc reste mon pays et l'Arabe reste ma langue.
