Maroc: On revendique le droit à fonder un parti politique de référence Amazighe en dehors du duo arabo-socialiste et arabo-islamiste
Par AmazighWorld, AmazighWorld.org Date : 2020-05-18
La France coloniale avant de quitter l’Afrique du Nord a installé partout des régimes politiques avec des partis politiques qui tournent tous autour de deux références idéologiques :
• La première est la référence arabo-socialiste qui est une continuité des partis baathistes arabes en Irak et en Syrie et qui visent à fonder la grande nation arabe sur une région qui annexe les territoires Amazighes et Kurdes au territoire arabe.
• La deuxième est la référence arabo-islamiste qui est une continuité du salafisme musulman qui a repris l’habillage moderne des frères musulmans, et qui visent à fonder la grande nation musulman sur tout territoire où les habitants sont convertis à l’Islam, où le cœur est situé à la zone destinée à la nation Arabe.
Sur ce, depuis 1962, les constitutions du Maroc, Algérie, Tunisie et Lybie ont introduit la langue Arabe d’Arabie comme langue officielle de ces pays. Quant à l’Egypte et la Lybie, elles sont parties plus loin en se déclarant des républiques complétement Arabes. Alors qu’aucun de ces pays n’est arabe, mais plutôt Amazighs (berbères).
Cette décision a été suivi par une compagne d’arabisation identitaire des populations, de la toponymie de cette zone géographique. Elle est même allé très loin en interdisant purement et simplement les prénoms Amazighs pour les nouveaux nés et en leur proposant comme alternative les prénoms Arabes.
Vingt ans plus tard, un réveil identitaire Amazigh est né en Kabylie le 20 Avril 1980 et des slogans comme « et si on décolonise pour de bon » sont nés. Cette nouvelle pensée a fini ces jours-ci à mettre en cause tous les deux choix idéologiques plantés par la France coloniale et entretenus par la ligue arabe du moyen orient.
Au Maroc, un premier parti politique de référence Amazigh est né le 31 décembre 2015 qui s’ajoute à un échiquier politique de 60 autres partis politiques tous de référence arabo-socialiste ou arabo-islamiste. Il s’agit du parti démocratique amazigh marocain (PDAM).
Mais uniquement deux mois plus tard, le 20 Février 2006, le Maroc a introduit dans la précipitation une nouvelle loi qui organise le champ politique et les orientations idéologiques des partis politiques. Cette loi nommée 29.11 est publiée dans le journal officiel et vienne avec un nouvel article 4 qui dit « les partis politiques ne doivent être fondés sur le régionalisme, la langue, la religion ou la race » et l’article 6 qui rend l’opération de fondation plus compliquée en termes de papiers administratifs à fournir. Et comme tous les partis politiques existants sont tous et sans exception déjà fondés sur ces quatre piliers nouvellement interdits, la loi leur donne une période de 18 mois pour refaire leurs congrès de conformité à la nouvelle loi, afin de faire un nettoyage de leurs papiers idéologiques : au moins ceux qui seront déposés au ministre de l’intérieur.
Pour bien comprendre, l’objectif principal de cette loi 29.11, il suffit de savoir que les 60 partis politiques sont autorisés à faire leurs congrès de conformité sauf un seul : c’est le PDAM. L’unique parti politique qui est issue d’une autre référence idéologique différente en dehors du duo « arabo-socialiste » et « arabo-islamiste » autorisés par la démocratique marocaine.
Par conséquent, juste après l’expiration de la période de mise en conformité, le ministre de l’intérieur himself, Mr Chakib Benmoussa, porte plainte le 6 Aout 2007 contre le PDAM et demande sa dissolution conformément à la nouvelle loi !!! Le hasard a fait que le lendemain même, le 7 aout 2007, Mr Fouad Ali El Himma, démissionne du ministère de l’intérieur et fonde une association qui va devenir par la suite le parti politique PAM. Toutes fois, ce nouveau-né où les grands parents sont issus directement de l’intérieur a tenu quand même à jouer sur une corde nouvelle dans le langage politique marocain : tout en restant sur le sur le duo référentiel idéologique il essaye de frôler un tout petit peu l’amazighité. Il invente ainsi pour la première fois au Maroc la notion de l’identité « marocaine » dite « Tameghrabiyte » c’est dire timidement « non arabe » pour séduire ceux qui viennent d’être privé du droit à un parti politique.
En plus du fait que cette séduction n’a pas bien marché, la référence idéologique arabo-islamiste, déjà en place et représentée par le parti des frères musulmans le PJD, a fait trébucher ce nouveau parti et l’a reculé à l’opposition. Quelques années plus tard, c’est le soulèvement du Rif, qui d’une part a pris naissance dans le fief même de la direction du parti et d’autres part avec des couleurs purement identitaires amazighs qui va lui faire Echec et Matt, tout en restant bien sur l’opposition N°1 du pays.
En 2016, dix ans plus tard, trois projets de partis politiques de référence amazigh, issus du mouvement identitaire culturel Amazigh, dont le PDAM dissout se sont réunis dans un nouveau projet de parti politique appelé « Tamunt pour les libertés » (Union pour les libertés). Mais en septembre 2018, cette nouvelle initiative a été empêchée une deuxième fois par l’intérieur de se réunir à Marrakech en commission préparatoire pour la préparation des dossiers de fondation comme exigée par l’article 6 de la nouvelle loi 29.11.
Aujourd’hui, avec le confinement covid19, ce débat revient sur les réseaux sociaux en grande pompe et débattent à nouveau du droit à fonder un parti politique qui n’a plus l’âme et l’esprit au moyen orient, qui pense africain et marocain. C’est ce que ces porteurs nomment de référence Amazighe.
Ici quelques débats sur les réseaux sociaux :
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