Au commencement fut le verbe, nous dit la Bible. Dieu ordonna que le monde soit et le monde fut. Le verbe est donc à la base de la création, il a une fonction démiurgique au sens large. La pragmatique et l’énonciation le confirment. L’histoire témoigne : le mythe de la Tour de Babel est révélateur du poids des langues dans l’évolution de l’humanité. La diversité des langues relativise la prétention de certaines d’entre elles à s’ériger en idiome suprême et divin. Toutes les langues se valent en tant que vecteur de la communication et réceptacle d’une culture et d’une civilisation. Tout le reste est littérature.
Le débat télévisé entre Ayyouche et Laroui constitue un feu d’artifice médiatisé pour des desseins obscurs. Il témoigne de l’indigence « intellectuelle » et du publicitaire et du « penseur ». Plusieurs raisons justifient cette mascarade. M. Ayyouche a une marchandise à vendre, mais il en ignore la nature. Notre « intellectuel » navigue dans un univers dont il ignore les repères, nostalgique d’une vision baathiste arabiste qui prônait le nivelage des langues et des cultures pour la suprématie maladive de l’arabité.
Et de la langue maternelle, ils firent un massacre, pour une double raison. Le « darija » est le fruit d’une conjoncture historique ; son « moule » est amazighe, sa « surface » lexicale est en partie arabe. C’est la langue maternelle de la majorité des amazighes arabisés, qui ont conservé les structures profondes de leur langue amazighe, et des communautés arabes et andalouses que le Maroc amazighe a accueilli dans la détresse. Il n’a rien de commun avec les « darijas » arabes de l’Orient, si ce n’est le lexique.
Et de deux, l’amazighe, totalement ignoré lors du débat, constitue la langue maternelle, non seulement de la majorité des marocains, mais aussi des algériens, des tunisiens, des libyens, des malien, des nigériens et d’une population importante de la Diaspora, sans oublier les Guanches des Iles Canaries et les communautés amazighes d’Egypte et du Darfour. Ce qui donne à cette langue une dimension régionale et continentale. C’est un enjeu qui préfigure du destin de l’Afrique du nord et du Sahel en partie.
Mais notre « intellectuel » a opté pour un discours suranné, une chimère idéologique, un fantasme politique : le monde arabe ou du moins ce qui en reste. Après avoir contribué par ses écrits à falsifier l’histoire, Laroui « débarque en « expert » pour ergoter sur les langues, qu’il ne parle pas, avec une posture de « détenteur » de la vérité absolue, qu’il a hérité d’une idéologie liberticide, inspirée des théories cannibalises nazies. Pour notre éminent « phraseur », hors de l’arabe, point de salut.
En fait, l’arabe dont traite notre « penseur » n’est parlé par personne, ce n’est pas une langue vivante. C’est un cimetière de mots, dopé par les pétrodollars de l’Orient, qui continuent d’en faire l’idiome de la révélation, et la clef d’accès au paradis. Avec les 72 vierges au menu. Laroui refuse d’admettre que l’arabe classique, imposé arbitrairement au marocain, est une langue étrangère que les citoyens apprennent, dans un cadre institutionnel, comme moyen de renforcer leur aliénation et leur déracinement.
Et ce débat enflammé dans la presse où des marocains se sont élevés contre l’enseignement de leur langue maternelle ! De l’absurde à l’état pur. On s’est attendu à un discours serein et objectif, on a eu droit à des déclamations rhétoriques stériles. Lamentable.
Nous sommes toujours en quête de repères identitaires sur le plan linguistique. Et on oublie l’essentiel : l’amazighité que des apatrides narguent avec peur et n’osent pas affronter honnêtement et faire leur mea culpa. Nous ne sommes pas des Arabes. Ce n’est pas un choix, c’est un destin.
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Commentaire N° : 1 Par: mazigh Le : 2013-12-06 Titre: Pays: France
\"Dieu ordonna que le monde soit et le monde fut\".
Dieu a bon dos ..les créationnistes imposteurs lui font dire e qu\'ils veulent. Une vraie escroquerie..
heureusement que tout le monde ne croient pas à leurs mensonges..
voilà le genre de sornettes que l\'on continue à véhiculer même en 2013 ..Dieu monothéiste, nous dit-on n\'a rein de cela car les musulmans se référent à Allah pour lequel les chrétiens ne reconnaissent rien de ces pseudo messages qui e sont finalement que la création des hommes pour manipuler les hommes et les femmes.
CROIRE QU\'UN DIEU PARLE REVIENT 0DIRE QUE C\'EST UN HUMAIN ET PAR CONSeQUENT IL NE PEUT ETRE UN DIEU DONT LA NOTION PAR AILLEURS RESTE VAGUE...je lui préfère les dieux païens comme les bouddhistes moins nocifs et plus en phase avec la nature comme anzar amazigh dieu de la pluie.