
Mon arrière grand-mère Yamna Ou Malk ,tanddamt, poétesse qui jouait de taguenza, tambourin, avait sa propre troupe mixte de jeunes , qu’elle entraînait chaque soir à l’anrar, lieu de dépicage sacré près de notre agrram et arganier sacré, s’est trouvée, lors d’un mariage, face à une troupe de danse d’ahwach de noirs .l’Anddam et poète de la troupe noire a commencé le premier et il a improvisé quelques vers qui ont un peu dérangé ma grand-mère et elle a réagi par ces vers qu’a retenu mon oncle paternel , Mohmmad Hifad Amadi de Foulouste, de la tribu d’Ida Ou Mada , Raïs de taguenza comme elle , dont il est l’élève et qui est le premier enregistré sur 33 tours par un Juif à Mogador :
igh immouss bouskka rwlat ay faghrn
Zayd ay asmakhou dar tgangat nnoun
d tqrqawin nnoun
Llawnd fln lousoul nnoun,
A mma tanddamt n tchlhite ,
han tchqqa fllawn » |
"Si le cobra est dans les parages,
Fuyez ô lézards !
Allez , esclaves ,jouer de votre tambour et de vos crotales
Que vous ont laissés vos Ancêtres !
Quant à tanddamt de tachelhit,
Elle est difficile pour vous ! » »
L’hôte intervient aussitôt : |
« khwou arrays tgmmi inou
Brrk kmmin a tarrayst !
Asarag winnm ard ifaw lhal ! » |
« Quitte ma maison ô Raïs !
Sois la bienvenue Rrayssa
La cour est à vous jusqu’à l’aube ! » |
Selon les coutumes de l’époque , c’est normal que le Rais l’ Anddam qui est vaincu quitte de son propre chef la cour et laisse la place au vainqueur.
Le chant berbère est dit « ttiyt », le coup des mots et parler, c’est frapper, tirer sur l’autre et le toucher à mort !
Parler, c’est tirer des balles sur l’opposant et l’ennemi .
C’est une capacité d’improvisation qui exige beaucoup d’entrainement , de préparation et d’intelligence !
J’ai hérité un petit quelque chose de ma grand-mère avec mes commentaires au vitriol , comme les a qualifiés un ami avec justesse !
La parole dans notre tradition est une arme redoutable !